Le marché du disque ne va pas bien, décidément. Les données publiées par l'Observatoire de la musique
sont franchement mauvaises. Les données de septembre, les dernières
disponibles, montrent que les ventes en France sont de 6% moindres
qu'en septembre de l'année précédente.
Ce
sont les ventes de singles qui souffrent le plus, avec une baisse de
45% par rapport à septembre 2008. Quant aux variétés françaises, elles
plongent de 20%. Bref, l'heure continue d'être grave.
Notons que, dans le Top 10, un seul album est produit par un indépendant. Il s'agit du dernier Manu Chao, Baionarena,
enregistré live dans les arènes de Bayonne durant l'été 2008, et
produit par l'indépendant Because Music. Les indépendants sont à la
peine.
Si l'on ajoute à ce tableau la baisse du nombre de nouvelles
signatures d'artistes (moins 30% en 2008) et le fait que pour la
première fois le nombre de contrats « rendus » est supérieur à celui
des nouveaux contrats, on voit que le marasme continue.
Face à cette crise, il est frappant de noter la faiblesse de la part
des ventes sur Internet, qui ne représentent, grosso modo, que 6% du
marché. Les disques se vendent le plus souvent en grande surface
spécialisée, et dans une moindre mesure, dans les grandes surfaces
alimentaires.
Le marché de la musique digitale encore loin du compte Près de la moitié des ventes de musique digitale se fait aux
Etats-Unis. Atlantic Records est le premier label important à annoncer
que ses ventes de musique digitale dépassent les ventes de disques en
chiffre d'affaires.
Pourtant, au niveau mondial, le dernier rapport de l'IFPI
fait état, pour ce qui est non pas du disque, mais de la seule musique
numérisée, vendue sur des sites dédiés, d'une part de l'ordre de 20% du
chiffre d'affaires total du secteur musical.
Or 20% c'est très peu. En effet, Internet est entré dans les vies
quotidiennes, les taux d'équipement ont explosé, et l'offre commence à
être de grande qualité. Les ventes destinées au téléphone n'ont jamais
été aussi élevées.
Il existe environ 500 services de musique numérique dans le monde
qui proposent plus de 6 millions de titres, soit 4 fois plus que ce que
l'on peut trouver dans un megastore de musique. Mais les revenus
générés demeurent faibles en regard des pertes supportées par le
secteur durant de nombreuses années.
L'industrie musicale à la recherche d'un modèleL'industrie musicale travaille à la combinaison de différents
modèles d'affaires. Musique à la carte achetée dans des magasins
numériques comme iTunes et Amazon, MP3, abonnements, royalties liées à
la musique de films et de jeux vidéos, merchandising, sites d'écoute en
streaming avec financement publicitaire, comme avec YouTube et MySpace,
revenus des passages radio et du spectacle vivant.
Une voie de recherche réside autour de la vente de musique associée
à des services, avec accès illimité à un catalogue à partir d'un
abonnement initial. Telle l'initiative de Nokia avec son service de
divertissement numérique Comes With Music.
Les clients qui achètent un téléphone associé au système Comes With
Music peuvent profiter d'un catalogue étendu comprenant des millions de
titres (6 millions dit-on) réalisées par des artistes internationaux et
locaux, avec un accès illimité pendant un an.
Des offres qui ne trouvent pas leur publicCes offres payantes ne marchent que très inégalement. Cette
plateforme de téléchargement de Nokia a été lancée en Angleterre il y a
un an. Selon le site Internet Music Ally,
un peu plus de 100 000 utilisateurs de mobile Nokia, dans le monde, y
ont adhéré, dont seulement 33000 en Angleterre et 2700 en Allemagne.
Quant on connait le nombre de Nokia vendus par an (470 920 unités en
2008, soit une part de marché de 38,6 %), c'est très peu.
Comme le note le rapport de l'IFPI, les revenus de l'industrie
musicale devraient provenir de plus en plus de partenariats avec les
fabricants de matériels d'un côté et les fournisseurs d'accès de
l'autre côté. Et sur ce terrain là, celui du partage des revenus, les
négociations seront serrées, et pas nécessairement à l'avantage des
pans les plus innovants de la création musicale.
Source : Rue89.Com